La procréation médicalement assistée, et plus particulièrement la fécondation in vitro.
J’y pense depuis un moment, et là je crois qu’il est plus que temps d’en parler. C’est un sujet qui me tient à cœur. Je suis contre le fait d’en faire un tabou, malheureusement j’ai vu plusieurs couples qui refusaient ne serait-ce que d’aborder le sujet, ce qui les mettait dans une situation délicate. Beaucoup de gens m’ont posé des questions sur le déroulement de ma FIV soit par curiosité, soit quelques fois pour apaiser une angoisse car ils allaient eux-même devoir passer par là. J’ai toujours répondu avec honnêteté et sincérité, même quand il fallait donner des réponses que personne ne veut entendre. Et avant de faire peur aux gens je tiens à les rassurer : ça vaut le coup.
Une FIV, ce n’est pas à prendre à la légère. C’est dur, c’est flippant, c’est traumatisant aussi. C’est une chance d’avoir la médecine de notre côté. Il y a de bons résultats, mais ça peut aussi ne pas fonctionner.
Je ne vais pas vous faire un cours de procréation, vous trouverez assez d’article là-dessus mais je vais essayer de résumer mon expérience.
Avec mon conjoint, nous avons décidé fin 2014 d’avoir un bébé. C’est donc en toute connaissance de cause que j’ai fait enlever mon implant contraceptif. Nous avons essayé quelques mois sans résultat. Beaucoup de gynécologues vont vous dire d’essayer au moins deux ans. Par chance (je crois), la personne avec qui était mon conjoint avant moi pendant plus de 10 ans et qui n’était jamais tombée enceinte car elle avait selon les médecins des problèmes hormonaux, nous a écrit pour nous prévenir qu’elle était enceinte et que par conséquent les médecins s’étaient trompés et que le problème ne venait pas d’elle.
Après en avoir discuté avec notre gynécologue, celui-ci a accepté de nous prescrire des test hormonaux pour moi et un spermogramme pour mon conjoint. Résultat : mes tests étaient bons mais le spermogramme indiquait 3%…
Oui mais 3% ça veut dire quoi ? Nous sommes retournés chez le médecin qui nous a juste dit “c’est pas bon il faut prendre rendez-vous au centre de procréation assistée”. Qui eux nous ont donné rendez-vous plus d’un mois plus tard… Je vous laisse imaginer les angoisses dans un couple lorsqu’on nous laisse sans réponse sur un sujet aussi sérieux. Nous avons eu bien le temps de nous monter le bourrichon et d’imaginer toutes les solutions possibles et envisageables (don de sperme, adoption…).
Elle nous a aussi fait bien flippé avec ses chiffres généraux (2010 : moyenne 35% de fécondité chez l’homme, 2015 : moyenne 15% ! ça ne va pas en s’améliorant).
Et à partir de là, tout s’est enchaîné… Batterie de tests, millions de prises de sang, même nos rapports sexuels étaient planifiés pour certains examens. On m’a ensuite re-convoquée pour m’alerter des risques d’AVC, ayant déjà fait un AIT quelques années auparavant, j’étais en risque accru.
Ah et bien sûr après je ne sais combien de tests en position gynécologique, on apprend à mettre sa pudeur au cachot.
Puis on nous a détaillé le traitement, enfin “nous”, moi. Car même si c’est monsieur qui a le soucis, il aura juste une injection quelques jours avant le don de sperme.
Par contre, nous mesdames, il faut pouvoir nous ponctionner assez d’ovocytes.
Donc après plus d’une heure de rendez-vous avec une sage-femme du service pour me détailler et m’expliquer le traitement, j’avais la tête en bouillie et je ne me souvenais plus de rien. Merci j’ai un super pharmacien qui m’a tout réexpliqué.
Là au 23e jour du cycle, on commence. D’abord une injection par jour dans le ventre (que je me faisais moi-même), toujours à la même heure, pour me mettre mon hypophyse en repos (oui moi non plus je ne comprenais rien) donc en gros ils te mettent en situation de ménopause. Avec ses supers effets secondaires : bouffées de chaleur, sueurs froides, irritabilité, douleurs dans les jambes, douleurs dans le bas ventre, migraines, prise de poids (même sans manger beaucoup), nausées et vomissements… FATIGUE
Au bout de 12 jours, on ajoute une deuxième injection pour cette fois sur-stimuler les ovaires (ben oui on produit un ovule par cycle normalement, et là il fallait en récupérer le plus possible)… Puis quelque jour après on change le produit de la deuxième injection (celui de la première injection reste le même tout au long du traitement).
Hormis mon ventre qui était plein de bleus et les effets secondaires déjà cités, nous ajouterons les douleurs dans les articulations et la dépression (oui oui je pleurais même devant les pubs… et j’aurais pu casser la maison si on me disait un mot de travers). Et toujours cette fatigue. Et ces dizaines de seringues.
Le problème c’est que très peu de médecins nous informent de tous ces effets secondaires…
Enfin bon après les douze premiers jours, en même temps que la nouvelle injections, on doit faire des prises de sang ainsi que des échographies pour vérifier la stimulation. Oui mais, en fonction des derniers résultats on vous appelle du jour au lendemain pour les tests suivant (en moyenne un test tous les 2 jours max). Puis le 22e jour environ (dépend de vos résultats) une gentille infirmière vient vous faire une injection en intra-musculaire afin de déclencher l’ovulation.
Et exactement 2 jours plus tard, rendez-vous à l’hôpital pour la ponction sous anesthésie générale. (je n’ai su que quelques jours plus tard en me tordant de douleur aux urgences qu’ils avaient aussi tapé un peu à côté et que j’avais un épanchement de liquide derrière l’utérus).
Là on m’annonce qu’ils ont réussi à avoir 6 ovocites et qu’ils allaient maintenant les féconder avec les spermatozoïdes de monsieur récupérés le même jour (bien sûr la chance, ils n’ont pas besoin d’anesthésie générale eux).
Et 4 jours plus tard, l’insémination. Manque de pot sur les 6, seulement 2 ont donné des embryons, les deux qu’ils m’ont implanté et qui ont donné mon petit garçon.
Tout ça pour dire que ça vaut le coup, je le referai sans hésité, même si j’ai eu mal, même si ça a été dur, même si mon corps en porte encore les séquelles. Mais aussi pour dire qu’il faut y réfléchir, ne pas prendre ça à la légère. Et garder espoir. Je connais des gens pour qui ça s’est beaucoup mieux passé et qui ont mieux supporté le traitement qui n’est pas le même pour tout le monde.
Et surtout, être bien entourés, de gens bienveillants, et oser en parler. J’ai eu droit à des remarques du genre “oh c’est bon pas la peine de faire la comédie, machin elle, elle a très bien supporté” ou encore “oh dis donc tu as pris du poids” au moins 45 fois par jour (ah bon tu crois que j’ai pas remarqué c***) et bien d’autres remarques désobligeantes.
Mais au final, j’ai maintenant le plus merveilleux des petits garçons.
A très vite, et si vous avez des questions j’y répondrai avec tout mon cœur.
Zoey
Update : J’ai remis ça en 2017 avec les mêmes douleurs et mêmes contraintes mais j’ai eu un magnifique deuxième petit garçon 🙂